mardi 5 juin 2007
PS & MODEM : l'obsession du contre-pouvoir
J'aurais pu me contenter de titrer sur le MODEM de François Bayrou, mais il faut bien constater que depuis qu'une "vague bleue" - bleue claire malheureusement - est annoncée à l'Assemblée nationale pour ce mois de juin, le PS s'est empressé de reprendre cette rhétorique, artificielle, du contre-pouvoir - je dis artificielle car, si c'était le PS qui était à la place de l'UMP, il ne se poserait pas tant de questions, même si on a pu entendre un éléphant comme Jack Lang prétendre qu'une trop forte majorité de gauche en 1981 avait pu entraîner des excès. Certes, mais c'est facile à dire quand on se trouve dans l'opposition...

Comme je le disais ci-dessus, on ne s'étonne pas de cela de la part de l'auteur d'Au nom du tiers état, qui se croit revenu en 1789 et veut nous faire croire qu'il va défendre le peuple français opprimé par la dictature des partis. Voilà qui est absurde. Non seulement François Bayrou se contrefiche du peuple français puisqu'il est le partisan d'une Europe politique qui n'aura pas grand chose de démocratique - je souligne cela puisque la démocratie et la séparation des pouvoirs semble être le grand dada de nos "humanistes" -, mais il ne peut pas non plus prétendre se positionner en arbitre. Yves-Marie Adeline, pré-candidat malheureux de l'Alliance Royale refusé par les maires de France, a souligné les contradictions internes fondamentales du candidat Bayrou, ou au moins sa démarche inachevée puisque le seul arbitre au-dessus des partis qui soit possible en France n'est pas un centriste mou qui joue au sans-culotte, mais le roi de France et de Navarre - et cela, dans un contexte qui réduirait la puissance des partis émanant de la guerre civile à blanc permanente issue de la Révolution.

Sur le fond, il est assez difficile de comprendre qui se croit revenu à l'AncienRégime ou obligé d'évoquer des dérives monarchiques de la Vème République, voire de parler de "Sarkoléon" et de tentation antiparlementariste en France. Ceux qui croient déceler en Nicolas Sarkozy un nouveau Louis-Napoléon Bonaparte prêt à faire un coup d'Etat, comme le prince-président jadis le 2 décembre 1851, sont bien vains et à court d'arguments, et c'est même trop flatter l'homme, bien loin d'avoir quelque visée monarchique. Ces grands mots, "contre-pouvoir", "équilibre des institutions", ne recouvrent que du vide, ne sont que les billevesées de notables attachés à leurs petits avantages et à un régime à bout de souffle et inadéquat au bien commun comme à la grandeur de la France.

Le plus malheureux est sans doute que les royalistes ne sont plus assez puissants en France pour rebondir avec une amplitude médiatique suffisante sur ce genre de débat, alors que les gens de la droite conservatrice et nationale s'accrochent en désespérés à une république dont les valeurs intrinsèques sont de gauche, et dont les représentants UMPS n'ont de cesse de les maintenir nominalement dans les eaux troubles de l'"extrémisme". Vains colifichets offerts en sacrifice à la nation - comme on disait pendant la Révolution - sur l'autel des médias...