La gauche française, dépourvue de projet et de vision, est en train de se découvrir furieusement allergique au jogging. Sans préjuger de rien, il est possible que dans l'esprit embué d'un intellectuel de gauche, la pratique du jogging soit liée plus ou moins consciemment au culte du corps, à la performance, à la concurrence, à la gestion de soi, de son capital énergétique...autant de notions douteuses. La joggophobie serait-elle en train de devenir une forme inédite de résistance au capitalisme?Pourquoi s'attarder, ici, sur ces innocentes scènes de jogging, dont on dénonce justement le pouvoir hypnotique ? Parce qu'elles sont bien moins innocentes, justement, qu'elles ne le prétendent. Leur pouvoir de séduction leur permet de statufier, de ringardiser, d'expulser hors champ tout ce qui n'est pas elles. En comparaison de la séquence jogging, tout le reste semble statique, poussiéreux, grisâtre, et comme désincarné.
En essayant de forcer les médias à s'intéresser à cette course en avant, comme d'ailleurs au côté festif de son début de mandat (du Paloma aux week-end successifs à Brégançon - et nous ne sommes pas passés très loin d'une virée à Cannes...), l'équipe de Nicolas Sarkozy tente habilement d'occulter les sujets qui pourraient fâcher : franchise(s) médicales, service minimum, carte scolaire, etc...
Il s'agit tout bêtement d'un axe fort de la manipulation communication présidentielle dans sa première séquence : détourner notre attention, nous obliger à regarder ailleurs. Juste à côté.
D'où la nécessité d'être vigilants et de refuser de nous arrêter sur des images qui ne nous sont jetées en pâture que pour nous contraindre à ne pas voir le reste. Tout le reste.








