vendredi 25 mai 2007
Brice Hortefeux : un discours déjà ambigu sur l'immigration
Si lors de son élection Nicolas Sarkozy a pu bénéficier d’un report de voix très intéressant de la part d’électeurs nationaux et réactionnaires, il le doit sans doute au pari qu’il a gagné en promettant un ministère de l’immigration et de l’identité nationale contre les huées des bien-pensants de gauche, ministère aujourd’hui dirigé par l’ami de toujours, Brice Hortefeux. Seulement, comme le disait déjà Jean-Marie Le Pen pendant la campagne, ce joli slogan paraît bien vain dès lors qu’on ne sait ce qu’il recouvre, et force est de constater qu’on n’en sait guère plus aujourd’hui mis à part quelques paroles regrettables.


Alors qu’on dénonçait à l’envie dans le camp du politiquement correct l’association de l’immigration et de l’identité nationale, soit une assise idéologique qu’on aurait décelé dans le camp de l’UMP, Brice Hortefeux a déclaré le contraire en ces termes : « ma démarche est dénuée de tout dogmatisme, de tout a priori, ce sera fait avec beaucoup de pragmatisme ». Or on sait fort bien que le pragmatisme est ennemi de toute précision théorique - précision appelée par l'intitulée même du ministère - et que la définition de l’identité nationale doit être tout sauf pragmatique… à moins de considérer la France en l’état, soit ce pays « riche de sa diversité » comme le dirait Nicolas Sarkozy lui-même. Le pragmatisme implique donc la simple prise en compte du réel, un statu quo, alors que c’est l’inverse qui devrait prévaloir, l’action du politique sur le réel.


Autre prise de position inquiétante, M. Hortefeux annonce déjà vouloir rencontrer les responsables des professions en manque de main d’œuvre, notamment dans le bâtiment, les services à la personne, l’hôtellerie et la restauration. Doit-on s’attendre, déjà, à la mise en place de cette immigration choisie selon des critères économiques, tant vantée par le président de la république ? A mon sens, le problème doit être réglé ailleurs par des réformes qui concernent l’Education nationale d’une part, en restreignant l’accès à l’université et en encourageant l’apprentissage comme certaines filières professionnelles, d’autre part par une politique incitative encourageant les chômeurs français à occuper les emplois disponibles. On n’aura rien réglé en ajoutant une immigration du travail à l’immigration de peuplement que nous subissons déjà.


On remercie toutefois M. Hortefeux pour ne pas vouloir procéder à de nouvelles régularisations massives ou pour réfléchir aux conditions du regroupement familial. Seulement, cela tient plus du minimum vital que de la rupture tant prônée pendant la campagne. M. Hortefeux déclare enfin que sa « politique sera dictée à la fois par la fermeté et l'humanisme », comme s’il était question de jugement moral, à propos de l’expulsion des sans-papiers notamment qui sont après tout, il est toujours utile de le rappeler, des clandestins et plus précisément des délinquants aux yeux de la loi. Tout ce qu’il s’agit de faire, c’est son devoir, pour le bien commun et pour la France, et il y a malheureusement fort à parier que nous assistions plutôt à un exercice d’équilibriste.