mardi 15 mai 2007
Sémantique
La formation des mots, à peu près logique en français jusqu'au XXe siècle, est aujourd'hui devenue aberrante.

L'élément homo-, largement international, vient du grec homos, qui ne signifie que «semblable, pareil, identique» : ce qui est homo-gène contient des éléments «du même genre» ; homo-logue, c'est «le même rapport (logos), la même proportion». Quand l'allemand et l'anglais, langues où la psychologie des comportements humains est étudiée à la fin du XIXe siècle (sans trop de tabous), créent le mot homosexuel, le terme est clair : il constate que la pulsion sexuelle peut être dirigée vers des personnes du même sexe, à la différence de la situation majoritaire, désignée par le mot hétérosexuel, qui apparaît après homosexuel, on peut le noter.

Puis, plus récemment, on a coupé, tranché, tronçonné les syllabes au mépris du sens des éléments hérités, qu'ils soient grecs ou latins. C'est le pragmatisme, l'utilitarisme qui se moquent royalement de la logique, en matière de mots. Alors, allons-y Alonzo, on dira homophobe, qui devrait signifier «la peur ou la haine du semblable».

Les mots homophobe et homophobie, qui donnent à la loi antidiscrimination une partie de son importance sont une absurdité sémantique.

D'après Alain Rey