mardi 21 novembre 2006
Victime et fier de l'être

Kemi Seba est un personnage haut en couleurs. De son vrai nom Stellio Capochichi, il s’est bricolé une identité de super héros et se rêve aujourd’hui en Louis Farrakhan Français. La sobriété n’est pas son fort, et quand il donne une conférence, il bouge et tourne sur lui-même en vociférant des déclarations péremptoires à la façon de Mohamed Ali avant un combat.
Il est très remonté contre les blancs qualifiés de leucodermes, et parmi ceux-ci, particulièrement contre les juifs. Pardon, les sionistes.
Son problème? Les sionistes ont capitalisé la douleur au point de la confisquer aux autres, et surtout aux mélanodermes, c’est à dire aux noirs: « six-cent millions de noirs qui sont morts, on s’en fout! Ce sont des nègres! » hurle-t-il lors de sa récente prestation le 29 octobre 2006 devant un public restreint et déjà conquis. Le problème de Kemi Séba, c’est que les sionistes monopolisent le discours compassionnel à leur profit exclusif, selon lui. Il n’y en a que pour eux, des larmes! Les descendants d’esclaves devraient se faire entendre comme les rescapés de la Shoa, et même davantage, car leur préjudice est encore plus grand.
Mais voilà, lorsque l’on n’est ni juif, ni noir, on a un peu de mal à comprendre ce genre de discours. D’où vient ce besoin irrépressible de faire pitié? Cette fierté dans la défaite et la soumission? Faut-il vraiment se vanter haut et fort d’appartenir à une lignée d’esclaves, comme d’un titre de noblesse? Ou alors s’agit-il simplement d’attiser la haine? Sans doute.
Une chose reste sûre: l’homme blanc d’ascendance européenne ne s’est jamais perçu comme une victime et ne le supporterait pas. Avoir soumis d’autres peuples lui semble naturel, conforme à l’ordre des choses, car s’il ne l’avait pas fait, il aurait été lui-même soumis. C’est sa fierté à lui d‘avoir su garder la tête haute, libre dans cette vie comme dans l’éternité.